vendredi 28 mars 2014

(vidéo) Les femmes kurdes prennent les armes

Trois jeunes femmes kurdes gardant un point de contrôle
 près de la ville d'Al-Malikiyah  posent pour la photo, arme à la main.

La défense armée kurde de Syrie est composée à 40% de femmes


Une commandante kurde menant l'offensive contre
une base militaire syrienne barricadée.
Dans les régions frontalières de la Syrie et de l'Irak où le désordre reigne depuis la guerre en Irak de 2003,  les Kurdes prennent les armes afin de se défendre. L'explosion de la guerre civile en Syrie fait apparaître de nouvelles menaces contre la peuple Kurde avec l'arrivée massive de Jihadistes tentant de prendre le contrôle de cette région. Si de nombreux groupes armés kurdes ont été d'abord formé dans le but de se battre pour leur indépendance (certains sont même considérés comme terroristes par l'Union Européenne), leur priorité est maintenant de défendre leur terre et leur peuple contre les assauts des membres d'Al-Quaïda et de l'Etat Islamiste en Irak et au Levant (EIIL). Un fait curieux qui a été relaté (trop peu si vous voulez mon avis) dans la presse est que 40% des soldats qui composent les milices kurdes sont... Des soldates ! Certains escadrons sont mêmes exclusivement féminins (par exemple, l'Union de Protection des Femmes). Les femmes kurdes se battent essentiellement afin de protéger leur ville/village et leur famille car l'effort défensif masculin est loin d'être suffisant contre les Jihadistes affluant de part et d'autres du monde. Selon les mots d'Aryan, une soldate de 32 ans, "avant la révolution, les femmes restaient dans leur foyer. Depuis que j'ai commencé à me battre pour mon pays [le Kurdistan], cette attitude a changé." Les combattantes kurdes sont redoutables et l'effet de surprise que leur présence créée est un atout contre les Jihadistes mais aussi une source de fierté pour ces femmes très sûres d'elles. Selon la commandante Akeed, les Jihadistes ont beau avoir de la quantité "mais ce sont de piètres combattants. Ils sont désorganisés, c’est facile de les tuer". Les femmes sont maintenant de plus en plus présente dans la vie active de la communauté au travers de la défense armée mais elle gagnent également une place importante dans les discussions politiques de leur peuple.

Les troupes armées kurdes, une guerre civile dans la guerre civile


Des soldates de l'Union de Protection des Femmes à Ima'bada.
Leur milice a repoussé plusieurs fois les attaques de l'EIIL
Si les Kurdes supportaient la révolution syrienne de prime abord car il y avaient vu une opportunité pour faire reconnaître leur nation, la population a vite été victime de violences (attentats suicides, violence contre les femmes) et s'est donc retourné contre les Jihadistes. "Nous ne sommes ni avec le régime, ni avec les rebelles. Nous nous exprimons au nom du printemps kurde, pas du printemps arabe" annoncent-ils. Néanmoins, si l'armée irakienne a aidé les milices kurdes à repousser les forces d'Al-Quaïda en dehors de leur territoire, les gouvernements d'autres pays, notamment la Turquie, persiste à mettre les Kurdes et les Jihadistes dans le même sac. La Turquie aurait même sciemment laisser les membres de l'EIIL passer la frontière en retirant les mines et autres dispositifs de sécurité afin de permettre au Jihadistes de s'en prendre également aux populations kurdes de Turquie.


Pour voir un reportage vidéo sur les combattantes kurdes réalisé par Vice, cliquer ici.

Sources:
http://www.vice.com/read/meet-the-kurdish-female-freedom-fighters-of-syria
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_syrie-ces-combattantes-kurdes-qui-gagnent-la-guerre-contre-les-djihadistes?id=8077385

Sur le nationalisme kurde:

File:Kurdish-inhabited areas of the Middle East and the Soviet Union in 1986.jpg
En rouge sur la carte, la répartition du peuple kurde en 1986.
Depuis la Première Guerre Mondiale, le peuple kurde est animé par le désir d'indépendance nationaliste et de nombreux groupes politiques accompagnés de forces armées se battent afin de créer un état indépendant, le Kurdistan. Le peuple kurde, uni par la langue et la culture, s'étend sur une grande région montagneuse au sud du Caucase mais est séparé entre différents États: la Turquie, l'irak, l'Iran et la Syrie. Les raisons géo-politiques de cet essor nationaliste sont donc multiples et complexes puisqu'elles dépendent du traitement et de la reconnaissance de l'ethnie kurde par les Etats dans lesquels ils sont présents. La Turquie a des relations houleuses avec sa population kurde: déportation, tentative d'assimilation forcée puis négation de leur spécificité culturelle et conflit armé contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan. En Iran, la Révolution Islamique a mené à une "guerre sainte" contre les rebelles Kurdes et si aujourd'hui, le peuple kurde n'est plus directement menacé, il leur est impossible de s'exprimer politiquement puisque la loi interdit toute dissidence. En Irak, des massacres à l'encontre des Kurdes ont été perpétrés sous le régime de Saddam Hussein  mais l'intervention américaine de 2003 mena à une nouvelle constitution qui autorisa la création d'une région autonome kurde. Quant à la Syrie, la répression contre les Kurdes et leur culture eut également lieu mais c'est maintenant la guerre civile qui frappe les Kurdes de plein fouet. Bien que les Kurdes soient musulmans, ils se battent aujourd'hui contre l'islamisme fondamental et les Jihadistes du EIIL qui veulent leur imposer leur doctrine par la force, menaçant la sécurité, l'intégrité et la liberté des habitants du Kurdistan Irakien et Syrien.
Si les Kurdes sont plus que jamais unis, c'est surtout afin de se défendre contre des menaces extérieures: l'oppression par les États qui refusent de les reconnaître ainsi que les attaques multiples des groupes islamistes armés. L'identité Kurde ainsi que leur esprit nationaliste tend donc à s'affirmer en négatif de la culture contre laquelle ils s'opposent. La prévalence du Marxisme, les tentatives de rapprochement avec l'occident ainsi que le combat pour les droits des femmes est donc lié à une volonté de se démarquer de leur ennemi. C'est pour cette raison que les Kurdes souhaitent maintenant incarner une certaine forme de progressisme face à la menace fondamentaliste.

mardi 25 mars 2014

Les Malgré-Elles, femmes alsaciennes incorporées de force par l'armée Nazie

Tout le monde connaît l'histoire des Malgré-Nous, ces Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans les diverses factions de l'armée Nazie notamment impliqués dans le massacre d'Oradour-sur-Glane. Ce qui se sait très peu, c'est que de nombreuses femmes ont également été incorporées, on les appelle les "Malgré-Elles". La plupart d'entre-elles ont principalement remplacé les hommes dans le travail administratif afin de "libérer" ces derniers pour qu'ils puissent partir pour le front. D'autres ont travaillé dans les usines d'armement, mais il y avait également des femmes dans certains escadrons, dont Alice Wirth qui témoigne dans cette vidéo disponible sur le site de l'INA. En 2008, un mémorial aux Mélgré-Elles a été ouvert à Shirmeck afin de témoigner de cet événement. 70 Malgré-Elles étaient présentes à l'inauguration de ce mémorial et vous pouvez voir la vidéo ici.
La carte de travail obligatoire d'une Malgré-elle
La carte de travail obligatoire d'une Malgré-Elle

Petit ajout personnel sur les Malgré-Nous et l'identité nationale etou régionale des Alsaciens :
De nombreux Malgré-Nous avaient déjà combattu durant la Première Guerre Mondiale, mais sous l'uniforme français. Néanmoins, les similitudes entre l'identité régionale et l'identité du peuple allemand fait se poser la question de l'appartenance nationale: les Alsaciens et Mosellans étaient-ils (et sont-ils) des Français ou des Allemands? Ou peut-être tout simplement leur identité était autre, une identité à part entière, l'embryon une potentielle nation qui n'a pas eu l'occasion de s'exprimer et qui a au final été déchirée par les combats que se menaient deux Etats conquérants qui l'ont rattachée tour-à-tour à la France, tour-à-tour à l'Allemagne/Prusse. L'Alsace fait maintenant partie de la France et son identité si particulière incarnée dans sa langue risque bien un jour de disparaître si l'on n'y prend pas gare. Ce thème m'est très personnel car je suis moi-même née en Alsace et, bien que la nouvelle génération dont je fais partie s'identifie comme Française (par l'école, l'usage de la langue française, la citoyenneté mais aussi par la télévision et la culture en général), on ne peut pas dire de même des anciens. Mes grands-parents, nés durant la Seconde Guerre Mondiale, ont premièrement appris l'Allemand à l'école de façon obligatoire, puis le Français (l'usage de l'Alsacien ou de l'Allemand était sévèrement puni par les professeurs) mais surtout ils s'exprimaient (et s'expriment toujours) dans la langue régionale, prenant de la distance avec l'identité française mais rejetant en bloc toute association avec les Allemands. Il faut savoir que les Alsaciens et les Mosellans de cette génération ont énormément de rancoeur vis-à-vis de l'Allemagne suite à ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre Mondiale. Il faut également rappeler que la plupart ses Alsaciens et Mosellans incorporés dans l'armée allemande et envoyés au Font-Est ne sont jamais revenus. Enormément de familles, dont la mienne, déplorent toujours la disparition de certains de leurs aïeux. Peut-être sont-ils morts sur le front, mais il est également probable que l'Armée Rouge les ait capturés et envoyés dans des goulags d'où ils ne sont jamais sorti. C'est une cicatrice qui se referme difficilement et qui illustre les dérives les plus absurdes du nationalisme.

(vidéo) Les héroïnes cachées de l'Armée Rouge

Au temps de l'Union Soviétique, le rôle de la femme a été bouleversé et ce de plusieurs manières. L'idéologie communiste se targuait de pouvoir mettre fin à la lutte des classes, et la hiérarchie entre hommes et femmes fait intrinsèquement partie de cette problématique. Evidemment, la réalité est bien différente car la fin de l'inégalité entre les sexes n'était évidemment pas au programme des bolchéviques mais plusieurs mesures en faveur de la femme (ou tout du moins changeant le statut traditionnel de la femme) ont été prises. Certaines de ces mesures concernent l'incorporation massive de femmes dans l'Armée Rouge, un fait très exceptionnel lorsqu'on le compare aux autres armées ayant pris part à la Second Guerre Mondiale  (bien que les femmes d'action étaient également présente chez les résistants mais également chez les Nazis et ce de gré ou de force). Je vous propose le documentaire L'ombre d'un doute: Stalingrad: les héroïnes cachées de l'Armée Rouge qui m'a été partagé par Frifox (voici son blog)  et qui raconte l'histoire de ces femmes endoctrinées mais qui se sont volontairement enrôlées afin de se battre pour leur pays.





France 1900, quelle place pour la femme militaire ?

Aujourd'hui, je vous propose un article écrit par Frédéric Pineau du blog des Françaises sous l'uniforme et qui m'a été gentillement prêté pour ce blog. "France 1900, quelle place pour la femme militaire ?" analyse le rôle de la femme militaire au début du XXe siècle ainsi que l'image plurielle qui lui a été attribuée. En effet, ces femmes ont pu être perçues comme fortes, symboliques mais aussi contre-nature et sexuelles.

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Représentation satirique de la femme
 officier, fin 19e-début 20e. (coll. Pineau)
Dans le passionnant ouvrage, paru en 1905, du docteur Legrand, médecin-major au 3e régiment de dragons, L'Assistance féminine en temps de guerre, nous pouvons lire avec stupéfaction "le  courage physique, l'audace qui mènent à la lutte ne sont pas l'apanage exclusif du sexe fort ;  l'aptitude belliqueuse de la femmes s'est révélée en maintes occasions, par sa participation directe au  combat ; elle se manifeste à l'état rudimentaire, dans la parodie guerrière du crêpage du chignon et  peut s'épanouir, en tout son éclat, en poussant les initiatives féminines aux héroïques entreprises."  Si de nos jours pareils propos peuvent nous paraitre banals, il n'en est rien pour l'époque. Des  termes qui montrent une large ouverture et une réelle liberté de ton pour un militaire d'autant  plus de la cavalerie, arme ô combien traditionnelle. Cependant Legrand affirme, par l'exemple,  que la "participation habituelle des femmes aux actes mêmes de la bataille parait toutefois être  demeurée spécifique aux peuples dans l'enfance", ce que l'auteur qualifie de "période héroïque du féminisme militaire", que Jeanne d'Arc, Jeanne Hachette, les femmes soldats de la révolution et les  quelques combattantes de la guerre de 1870-1871 viendront clore. En effet, l'auteur à raison, ces épopées féminines "ne cadrent plus avec le sort réservé à la femme dans les sociétés constituées",  occidentales et bourgeoises, à mesure que s'élèvent la pression des idées morales et religieuses. 

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L'hybride, entre poilu et cantinière.
 Il fallait l'inventer... la poiluse ! (coll. Pineau)
En ce début du 20e siècle "l'assistance féminine en temps de guerre" est donc à définir, d'autant  plus que les sociétés de la Croix-Rouge française se développent et que les cantinières sont en train  de disparaitre. Des femmes armées ? Impensable. C'est, bien entendu, la délicatesse et l'altruisme  qui intéressent chez la femme : "la femmes est entraînée vers les oeuvres d'assistance aux blessés  militaires par sa nature éprise d'enthousiasme et de dévouement. Aller vers la souffrance dans  le décor des fins de bataille, dispenser la douceur après la violence des luttes : c'est réaliser les  rêves de son imagination et les aspirations de sa charité." Les velléités guerrières de la femme  moderne ont donc aux yeux de Legrand une dimension imaginaire dans l'esprit de ces dernières  à laquelle il faut répondre par l'obtention d'un rôle charitable. Car, "en effet, l'organisme féminin  n'est pas adapté par la nature aux secousses rudes et continues des luttes violentes". C'est donc en  s'appuyant sur des notions biologiques, physiques, que Legrand met un terme à toute possibilité  d'une participation combattante des femmes en temps de guerre. Nous sommes donc loin du  choix des rois du Dahomey qui firent des femmes, les Agolledjes, le corps d'élite de leur armée. 

Dotées d'uniformes, armées de fusils, de machettes ou de casse-tête, enrégimentées, ces dernières combattent d'ailleurs nos troupes coloniales lors des campagnes du Dahomey de 1890 puis de 1892  à 1894, affrontant même les hommes de la Légion dans de violents corps à corps. "Leur vigueur,  leur agilité et leur bravoure étonnèrent" les militaires qui se trouvèrent face à elles. 

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Femme représentant Jeanne d'Arc, 1935. (coll. Pineau)
Femme représentant Jeanne d'Arc, 1935. (coll. Pineau)La femme combattante en France est donc un fait impensable, considéré comme une farce de  mauvais gout à la limite de l'érotisme voire de la pornographie. La presse comme la carte postale  n'y voient qu'un travestissement qui portera atteinte aux bonnes moeurs. La guerrière a donc sa  place dans la légende antique (Walkyries, Amazones, déesses, etc.). Il est toujours plus facile de  magnifier le passé que de répondre au présent... Terminons par ces quelques lignes empruntées au  colonel Romain dans Les Guerrières, paru en 1931 : "C'est dans l'imaginaire qu'est l'enthousiasme, c'est dans le coeur qu'est le dévouement. Les femmes sont donc plus naturellement héroïques  que les héros. Et, quand cet héroïsme doit aller jusqu'au merveilleux, c'est d'une femme qu'il faut  attendre le miracle. Les hommes s'arrêteraient à la vertu." Des propos à méditer ?


Article écrit par Frédéric Pineau




dimanche 16 mars 2014

Présentation du blog "Françaises sous l'uniforme"

Internet peut s'avérer être une invention géniale lorsque des personnes passionnées se donnent la peine de partager leur savoir (et leur savoir-faire) et cela simplement par enthousiasme pour leur domaine. Les auteurs de Françaises sous l'uniforme, 1851-1993 font partie de ces gens là et leur blog est entièrement consacré aux femmes dans l'armée française. Vous y trouverez des articles très différents mais toujours autour de ce sujet : femmes célèbres, analyses de l'image et du statut de la femme militaire, les différents postes occupés par les femmes dans l'armée mais également une recherche détaillée sur les uniformes en tant que tels ainsi que des présentations de livres ou évènements culturels et même des interviews ave des spécialistes. Je vous invite donc à visiter leur blog riche en informations et n'hésitez pas à les contacter pour un coup de main ou plus d'informations sur leur sujet de prédilection. Ces historiens et collectionneurs sont en effet très aimables et ils se feront un plaisir de vous aider.

Voici un extrait de l'un de leurs articles qui recoupe également le thème des femmes guerrières.

Image : Fatima l'une des rares combattantes de l'armée française de la Grande Guerre (Mots-clés : Fatima, spahis, amazones, Première guerre mondiale)
Il faut remonter aux origines de la création du corps des spahis pour trouver une particularité de recrutement. Vers 1840, le spahi vit avec sa famille hors des quartiers (casernes) de cavalerie, sur des terres plus ou moins éloignées. Il ne rejoint son corps qu'en cas d'opération militaire. Mais cette possibilité ne dure pas, leur vie quotidienne s'établit alors dans les quartiers prévus à cet effet, tandis que leurs familles ne sont plus autorisées à les suivre lors des déplacements.

Fatima se trouve à droite du cliché, sur le cheval à robe claire. Elle porte le turban. Image tirée du Miroir numéro 81 du dimanche 13 juin 1915. 


C'est en rassemblant quelques escadrons auxiliaires de spahis Marocains que fut formé, en août 1914, le régiment de marche de chasseurs indigènes à cheval. Celui-ci prit le nom de régiment de marche de spahis marocains en 1915, nom qu'il conserve jusqu'en 1920. En France, ce régiment participe à la bataille de la Marne et se trouve engagé dans "la course à la mer" de décembre 1914, puis envoyé en Macédoine au sein de l'armée d'Orient. Il y est félicité pour le fameux raid sur Uskub (Skopje en langue slave) de septembre 1918 qui empêche le repli d'une partie de l’armée allemande venue aider Bulgares et Turcs.

Pendant la Grande Guerre, une femme d'Afrique du Nord se prénommant Fatima sert dans un régiment de marche de spahis Marocains. Déguisée en homme, en toute illégalité, afin de suivre son amant (un lieutenant), elle s'introduit dans un transport de troupes à destination de la France. Dans l’ouvrage Un homme d’aventures, tome 1 d’Henri Dupertuis, l’auteur mentionne ce fait rapporté par son père le général Dupertuis (alors lieutenant-colonel du régiment concerné). Malgré son déguisement et, certainement, la complicité d'autres spahis, elle est découverte à son arrivée en métropole. Qu'à cela ne tienne, elle n'est pas renvoyée en Afrique du Nord et se voit autorisée à demeurer avec les spahis le temps de leur séjour en métropole. Elle participe aux combats contre les Allemands, mais lorsque son régiment prend la direction de l'Orient, en 1918, elle rentre vraisemblablement au Maroc.

La photo de Fatima à cheval se situe au cours de la "course à la mer", fin 1914, lorsque, après la stabilisation du front, les spahis furent employés comme escorte des prisonniers Allemands ou pour le convoyage du ravitaillement.
Auteur : Alain Chiron* (adaptation et corrections de Frédéric Pineau)

*Alain Chiron est chroniqueur sur le site internet “Ceux de 14- Maurice Genevoix. Son texte est composé à partir d’informations fournies par le Musée des Spahis à Senlis (à qui appartient la photographie) et par ailleurs d’un échange avec Thierry Moné auteur du livre Du Burnous rouge au burnous bleu : les spahis du 1er Marocains dans la Grande Guerre

Source: http://femmesenuniforme.blogspot.nl/2012/09/image-fatima-seule-femme-combattante.html


vendredi 14 mars 2014

Les protestantes ukrainiennes

Le monde entier a les yeux rivés sur l'Ukraine depuis près de quatre mois maintenant. Je ne souhaite pas m'attarder sur l'analyse d'une crise d'empleure internationale qui dépasse mes connaissances mais je voudrais revenir sur les manifestations qui se sont déroulées à Kiev et sur la participation des femmes. En effet, bien qu'elles soient très peu visibles sur les photos diffusées dans la presse, les femmes représentent 47% des manifestants de l'Euromaïdan. Elles ont été très actives sur internet afin de diffuser les informations de ralliement de la manifestation mais étaient également physiquement présentes dans les rues de Kiev. Elles se sont massivement chargées du ravitaillement, des soins et de la diffusion des informations mais ont aussi défendu les barricades avec les hommes et des groupes féminins de self-defense se sont organisés.

Selon Sarah Phillips, professeur d'anthropologie de l'Université d'Indiana, l'ancien Président Ianoukovytch doit sa démise aux Ukrainiennes. Les manifestations  ont été une opportunité pour les femmes de faire entendre leur voix dans un pays relativement hostile aux femmes. En Ukraine, les rôles genrés sont très traditionnels et la prostitution est devenue l'image de la culture ukrainienne vue de l'étranger. Bien que les femmes y soient souvent plus éduquées que les hommes, elles n'accèdent que très peu aux positions élevées et si l'héritage de l'Union Soviétique fait que les femmes travaillent au même titre que les hommes, les tâches ménagères restent exclusivement féminines. Pour finir, le féminisme reste méconnu du grand public (ce qui explique également pourquoi les Femens ont si peu de lien avec le féminisme traditionnel) et il y a une tendance à mettre  droits des femmes et soviétisme dans le même sac, ce qui leur donne une mauvaise image. La participation massive de femmes à l'Euromaïdan peut donc s'expliquer par un ras-le-bol d'une partie des Ukrainiennes envers un gouvernement qui ne se préoccupe aucunement de l'amélioration de leur sort.


Source:
http://www.ibtimes.com/ukraine-girls-really-knock-me-out-women-playing-crucial-roles-euro-maidan-protests-1558508
http://www.elle.com/news/culture/womens-opposition-euromaidan-protest-kiev

(vidéo) Elaine Morgan et la remise en question de l'homme-chasseur

Certains auront du mal à faire le lien entre les Femmes Guerrières et cet article: si je vous parle d'Elaine Morgan, c'est parce que son histoire m'a fait comprendre à quel point notre perception est souvent déformée à cause de nos préjugés, notamment sur la question des rôles genrés, et que même les scientifiques et historiens peuvent projeter leurs propres désirs sur les découvertes qu'ils font. Cet article est donc lié aux Femmes Guerrières dans le sens où il traite de la vision érronée qu'on peut avoir du passé en fonction des valeurs de notre société actuelle.

Dans les années 60, Elaine Morgan publie un livre très controversé remettant en question les théories de l'évoluion de l'Humain. Selon cette femme au foyer galloise, les scientifiques sont influencés par une vision machiste de l'Être Humain et leur interprétation de l'origine de l'Humain en serait donc grandement biaisée. Elle fait la promotion de sa propre théorie : l'Être Humain descendrait d'un singe aquatique. Bien qu'ayant peu de preuves afin de soutenir sa thèse, le débat que Morgan a ouvert aura eu le mérite de poser les bonnes questions sur la validité d'une théorie communément considérée comme acquise et sur la subjectivité dans le travail scientifique en général.

Pour voir une récente vidéo d'Elaine Morgan s'exprimant sur l'évolution de l'Être Humain, je vous invite à cliquer ici. (vidéo sous-titrée publiée par TED)



L'origine de l'Être Humain, un grand puzzle aux nombreuses pièces manquantes


L'origine de l'Être Humain et de ses caractéristiques si particulières restent très souvent à débat et pour cause: les trouvailles archéologiques et les analyses génétiques ne nous donnent que des petits morceaux d'un grand puzzle dont l'image nous reste à interpréter. Le problème, c'est que nos croyances et idéologies déteignent sur nos interprétations, un bon exemple est le débat sur la théorie de l'évolution aux États-Unis que reste contestée par une partie de la population. C'est ce qu'illustre le débat qui a eu lieu dans la deuxième partie du XXe siècle sur l'origine de la bipédie humaine et qui donne un bon exemple de comment des théories considérées comme valides peuvent se retrouver du jour au lendemain balayées par l'apport de nouveaux éléments et, inversement, comment des théories farfelues qui peuvent finalement mener à de nouvelles pistes et interprétations faisant avancer les découvertes scientifiques.



La théorie de la savane, une théorie majeure ayant influencé notre perception des premiers Humains


Raymond Dart et le crâne de
l'australopithèque "Taung Child"
Parmi les nombreux traits uniques qui caractérisent les humains (la main préhensile, la quasi-absence de poils, les capacités intellectuelles et sociales hautement supérieures aux animaux), la bipédie qualifie la capacité et préférence des êtres humains à se déplacer sur ses deux membres inférieurs. Les archéologues recherchent donc intensivement des indices au niveau de l'ossature des êtres humains et de leurs ancêtres afin de pouvoir dater et situer le moment où nous avons commencé à marcher sur nos deux jambes, et non plus sur quatre membres comme les autres primates, afin de pouvoir en déduire quelles ont été les causes de ce changement. C'est pour cette raison que l'australopithèque, primate hominidé partiellement bipède, a été considéré comme le chaînon manquant de l'évolution de notre espèce. La découverte de l'australopithèque en 1924 a permis de formuler de nouvelles théories concernant les causes qui ont amenées l'humain à évoluer. L'une de ces théories est celle du singe tueur du Dr Raymond Dart selon laquelle la nature si spécifique de l'Humain est lié à la guerre et à la violence car les ossements retrouvés d'animaux montraient de grandes fissures qui ne pouvaient être causées que part l'attaque d'une arme rudimentaire. L'Etre Humain serait donc selon Dart défini par sa capacité à fabriquer et utiliser des armes et serait carnivore par nature. Cette hypothèse a servi de support à la théorie de la savane, une théorie expliquant les causes de la bipédie chez l'Humain et qui a été perçue comme valide pendant plus de quarante ans.

La savane africaine où les Humains n'ont finalement pas
appris à marcher sur leurs deux jambes !
La théorie de la savane a été dominante pendant des décennies et était enseignée dans les écoles et universités. Selon cette théorie liée à la théorie du singe tueur, l'Humain aurait commencé à se déplacer sur ses deux jambes parce que les arbres se faisaient de plus en plus rare, laissant place à la savane. La disparition des arbres et donc de leurs baies qui constituaient le régime alimentaire de nos ancêtres nous ont donc poussés à trouver un nouveau moyen de se nourrir : la chasse. La bipédie serait donc liée au changement de régime alimentaire, passant de frugivore à carnivore. La théorie de la savane a également influencé notre perception du mode de vie de nos ancêtres : l'image de l'Homme-Chasseur naît et croît dans l'inconscient populaire.


Elaine Morgan et sa théorie de du Singe Aquatique


L'élephant, un autre animal qui serait retourné
à l'eau comme les mammifères marins avant de
 finalement revenir sur la terre ferme
Bien que cette théorie avait ses failles (la perte de poils rendant notre peau vulnérable au soleil tapant de la savane, le fait qu'aucun autre animal de la savane ne s'est mis à marcher sur ses deux jambes), elle était généralement acceptée par les scientifiques et très peu de personnes tentèrent de présenter de nouvelles théories. C'est dans ce contexte que Elaine Morgan, inspirée par le zoologue Desmond Morris, présenta sa propre théorie: la théorie du singe aquatique. Selon Morgan, l'évolution de l'Être Humain a à un moment donné vécu en milieu semi-aquatique, ce qui expliquerait son évolution et ses nombreux traits caractéristiques qui sont en fait très proches des mammifères marins : l'absence de poils, la couche de graisse extérieure (la graisse se répartie différemment chez les autres mammifères terrestres), le fait que les bébés savent nager dès leur naissance mais sont incapable de se déplacer sur la terre ferme, notre intelligence plus développée qui aurait bénéficié d'une nourriture riche en oméga 3 (poisson et algues). Accessoirement, l'environnement aquatique aurait permis à l'Humain d'adopter la marche bipède tout en douceur. Ces idées séduisantes sont à l'opposé de la théorie de la savane pour une autre raison : l'Être Humain ne serait donc pas carnivore mais un cueilleur-pêcheur, sa nature ne serait donc pas violence et guerrière et la théorie du Singe Tueur avec toute l'imagerie de l'homme-chasseur est remise en question. Le problème, c'est que Morgan n'était ni biologiste, ni archéologue mais romancière et bien évidemment, sa théorie a été accueillie avec beaucoup de mépris par les membres de la communauté scientifique : selon eux, Morgan prendrait ses désirs pour des réalités car l'image macho de l'homme-chasseur et de sa femme relayée aux tâches domestiques déjà si tôt dans notre (Pré-)Histoire lui est déplaisante car sexiste. C'est là que la beauté de l'ironie apparaît : après avoir moqué Morgan, la théorie de nos éminents scientifiques vola en éclat par la découverte d'ossements de primates bipèdes plus vieux que la savane elle-même et il s'avère donc que ces Messieurs aussi avaient basé toute leur théorie sur des préjugés : Raymond Dart à vu dans les ossements d'australopithèque ce qu'il voulait y voir : un Singe Tueur.

La théorie d'Elaine Morgan a fait néanmoins beaucoup de vagues dans les médias : ses livres furent un succès commercial et son humour acerbe pointant du doigt la partialité et le sexisme dont les scientifiques étaient emprunts attirèrent la curiosité de nombreuses personnes. La théorie de la savane étant écartée pour de bon, les scientifiques se mettent à rechercher de nouvelles pistes en analysant les données et indices avec un nouveau regard



A la recherche de nouvelles hypothèses


Bien que la théorie de Morgan ne soit pas prouvée scientifiquement et soit influencée par les idéologies de cette dernière, certains scientifiques commencèrent à s'intéresser à la possibilité d'une évolution de l'Humain liée à un environnement semi-aquatique. En effet, la découverte en 1974 de Lucy, premier fossile d'australopithèque relativement complet, au Nord de l'Afrique donna de l'eau au moulin à la piste aquatique de l'évolution bipède de l'Humain car cette région est sujette aux inondations. Un grand nombre d'ossements australopithèques parmi les plus vieux retrouvés ont été trouvés dans cette même région, ce qui pousserait à croire que l'Humain aurait pu commencer à marcher sur ses deux jambes à cause d'un environnement marécageux.

Aujourd'hui, la question reste ouverte et il existe plus d'une dizaine d'hypothèses tentant d'expliquer la bipédie de l'Être Humain. Il est très peu probable que la vision de Morgan soit exacte, mais cette histoire reste néanmoins intéressante afin de comprendre comment les justifications théoriques sont, quoi qu'il arrive, toujours influencées par nos croyances et notre imagination. Les scientifiques adhérents à la théorie du Singe Tueur étaient tout autant influencés par des préjugés que Morgan l'était par sa vision romancée du Singe Aquatique. Les leçons à tirer de ce débat sont fondamentales afin de comprendre la nature de la recherche scientifique :


-les sciences, que cela soit la biologie, la physique, l'astronomie mais aussi l'Histoire et les autres sciences humaines sont en constante évolution. De nouvelles découvertes peuvent bouleverser ce qui était considéré comme établi.

-l'Histoire de l'Humain est tout sauf linéaire : il n'existe pas de cause unique ou de « raison » à l'évolution de l'Humain mais des causes plurielles expliquant de différentes évolutions de l'Humain qui ont menées à ce que nous sommes aujourd'hui. Selon les mots d'Yves Coppens, « à partir du grand carrefour d'il y a 8 à 10 millions d'années qui aboutit à la séparation des lignées des grands singes et des êtres humains, s'épanouit un vrai bouquet de pré humains dont Lucy est une des fleurs »

-il faut être conscient de notre subjectivité. Il est impossible d'écrire une Histoire objective puisque l'Histoire est toujours écrite par des hommes ou des femmes et est donc vue à travers d'un prisme déformant. Il est donc normal que l'Histoire évolue et que les éléments (archéologiques ou écrits) soient constamment réinterprétés, c'est même plutôt une bonne chose puisque avec du recul, nous pouvons identifier de mieux en mieux ce qui relève du parti pris et cela nous permet de se rapprocher de la vérité

-il faut promouvoir l'intérêt scientifique auprès de la population : Bien que certaines théories soient infirmées, l'interprétation populaire qui en découle peut avoir la vie dure. La théorie du Singe Tueur a été écartée mais l'image de l'homme-chasseur et de la femme-cueilleuse reste encrée dans les esprits et sert de support au préjugé selon lequel la répartition des tâches est aussi vieille que les premiers Humains. Il est donc nécessaire pour la communauté scientifique et pour les médias de tenir la population régulièrement au courant des nouvelles découvertes, sans quoi nous en serions encore à croire que la Terre est plate.


-il est nécessaire de garder un esprit ouvert : les scientifiques ont dénigré Elaine Morgan car elle n'était qu'une simple femme au foyer galloise romancière à ses heures perdues. Le cour des choses a fait que ces scientifiques au moins tout autant dans l'erreur et étaient aussi influencés par leurs croyances. Ce n'est pas parce qu'une idée est fantaisiste qu'elle ne peut pas mener à de nouvelles découvertes. Pendant longtemps, l'on pensait que la ville de Troie était une légende jusqu'à ce qu'elle fut découverte par un riche négociant allemand. De la même manière, de nombreuses personnes recherchent aujourd'hui encore l'Atlantide bien que la ville utopique ait été inventée par Platon afin d'illustrer un propos sur la chute de la République Athénienne. Il faut donc pouvoir rester critique mais être aussi capable d'accepter la possibilité que des théories mineures ou fantaisistes aient quelque chose à apporter au débat et que rien n'est écrit dans le marbre.


Source: documentaire de la BBC sur Elaine Morgan


jeudi 13 mars 2014

Héroïnes tribales : le combat des femmes pour la survie de leur peuple

A l'occasion de la Journée Internationale de la Femme samedi dernier, le site http://www.survivalinternational.org/ (organisation consacrée aux populations indigènes menacées) a publié une série de photos et de récits portant sur des femmes de part le monde qui se battent pour la reconnaissance, la survie et les droits de leur peuple et culture face à l'impérialisme occidental.  Ces histoires nous rappellent que peu importe leurs moyens, leur statut social, leur couleur de peau ou encore leur genre, certaines personnes trouvent toujours le courage de s'élever leur voix afin de défendre ce qui leur est cher. Voici quelques extraits de cette série.

Leonor Zalabata et les Arhuacos

C'est dans les montagnes aux pics enneigés de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie que les Arhuacos vivent depuis des siècles. Ces montagnes leur sont sacrées et sont symbolique de leur identité : les Arhuacos se considèrent comme les «Grands Frères » de l'humanité car les montagnes leur apportent une conscience et sagesse mystique surpassant celle des autres peuples.
Leonor Zalabata est une représentante et leader pour les Arhuacos. Outre les nombreuses fonctions politiques qu'elle a occupée au sein de la tribu, elle sert également de voix pour son peuple au sein de la Colombie mais aussi pour les 101 autres peuples indigènes du pays. Dans les années 1990, les guérilleros communistes avaient établi un camp sur les terres des Arhuacos, commirent des violences à l'encontre de la population et assassinèrent de nombreux chefs locaux. Cela n'a pas empêché Leonor Zalabata de continuer son combat, bien au contraire. Elle travailla avec les Nations Unies autour des Droits des populations autochtones et elle est aujourd'hui candidate au Parlement Andin, institution politique de la Communauté andine des Nations, une organisation d'intégration régionale regroupant plusieurs pays d'Amérique du Sud.
« dans notre culture, nous disons que lorsqu'une fille naît, la montagne rit et les oiseaux pleurent .» Leonor Zalabata

Les femmes nénètses

Les Nénètses sont un peuple nomade de la péninsule Yamal en Sibérie, surnommée « l'extrême du monde ». Leur vie est rythmée par les conditions météorologiques extrêmes : temps sec et froid et des vents très forts et par les déplacements de leurs énormes troupeaux de rennes qui paissent sur les rares herbes de la toundra et doivent donc, pour ce faire, changer fréquemment d'endroit. Les Nénètses vivent en symbiose avec leur environnement naturel et leur culture est basée sur ces conditions de vie extrême. Ils se déplacent à dos de Renne ou en traîneaux avec leurs chiens qui servent également de bergers mais aussi de « nounou » pour les enfants. Malheureusement, ils sont menacés par le réchauffement climatique, la pollution mais également par l'industrie d'extraction de pétrole. Les femmes nénètses, en plus d'endurer une vie nomade rude et prenant part à toutes les tâches au sein de la tribu au même titre que les hommes, doivent maintenant affronter les menaces qui pèsent sur leur peuple.
Selon les paroles d'une femme nénètses : « Le renne est notre maison, notre nourriture, notre chaleur et notre transport .»

Les 3 dernières Akuntsues

Le Rondonia est la région agricole qui nourrit la croissance économique du Brésil. C'est entre ces étendues infinies de champs de soja et de pâtures que se trouve le petit morceau de forêt tropicale qui nous reste aujourd'hui de la gigantesque Forêt d'Amazonie et c'est également le dernier refuge des Akuntsus. Ce peuple amazonien est aujourd'hui réduit à cinq individus, la plupart d'entre eux ayant été massacrés par des tireurs embauchés par les fermiers afin de pouvoir occuper leurs terres.
Des 5 Akuntsus restant, 3 sont des femmes. En 2008, leur matriarche Ururu est décédée. D'ici quelques décennies quand les derniers Akuntsus auront disparus, c'est un peuple avec toute sa culture et sa richesse qui s'éteindra.

Xlarema Phuti et le peuple San


Les Sans (plus connus sous le nom Bochimans mais celui-ci est contesté de part son origine coloniale) occupent un vaste territoire au Sud de l'Afrique. Ils sont certainement le peuple le plus « indigène au monde » puisqu'ils vivent depuis plus longtemps sur leurs terres que n'importe quel autre peuple. C'est dans la réserve de chasse du Kalahari central qu'en 1980 furent découvertes des mines de diamants d'une richesse inégalable. Entre 1997 et 2002, les populations Sans ont été chassées de ces territoires et parqués dans des camps en dehors de la réserve, détruisant leur vie et humiliant leur culture. L'ancien président du Botswana, Festus Mogae, a même déclaré « comment peut-on avoir des créatures vivant comme à l'Âge de Pierre à l'ère des ordinateurs ? » mais depuis un an maintenant, des femmes Sans retournent vivre dans la réserve mais subissent l'opression constante des autorités. Xlarema Phuti est une guérisseuse et elle est l'une d'entre elles.

Source : http://www.survivalinternational.org/galleries/tribalheroines#1
Site français de Survival International : http://www.survivalfrance.org/

mardi 11 mars 2014

Kenau Simonsdochter Hasselaer et le siège de Haarlem

En ce moment, un film biographique portant sur la vie de Kenau Simonsdochter Hasselaer est projeté dans les salles obscures néerlandaises. A moins que le film ne sorte également en Belgique (ce dont je doute), il n'y aura certainement et malheureusement pas de version française sous-titrée de disponible. Néanmoins, cela est une bonne occasion de parler de l'Histoire des Pays-Bas et de dresser le portrait d'une nouvelle femme guerrière.

Biographie de Kenau:


Portrait anonyme de Kenau armée
d'une hallebarde -  Rijksmuseum
Kenau est née au début du XVIe siècle à Haarlem et était la fille du bourgmestre de cette même ville. Elle se maria à 18 ans à un constructeur de navire avec qui elle eut 4 enfants avant la mort de ce dernier en 1562. Veuve, Kenau reprit l'entreprise de son mari où elle oeuvra avec ardeur: les commandes étaient nombreuses car en 1568,  les Néerlandais se soulevèrent contre Philippe II d'Espagne héritier de Charles Quint mais beaucoup plus influencé par la culture espagnole, ce qui démarra la Guerre de Quantre-Vingts Ans (appelée également guerre des gueux) En 1572, Haarlem est assiégée par les troupes espagnoles. Kenau, alors âgée de 50 ans, organisa un bataillon de 300 combattantes au sein de la ville afin d'affronter les Espagnols: elles tiraient sur les soldats et jetaient de l'huile bouillante sur eux du haut des murailles. Le 14 juillet 1573, la ville fut prise par les Espagnols et Kenau s'enfuit pour Delft où elle aurait rencontré le prince Guillaume d'Orange qui devint fondateur de la famille royale néerlandaise et symbole de la nation. La bataille d'Harleem fut perdue, mais la Guerre de Quatre-Vingts Ans permit aux Pays-Bas du Sud de se déclarer indépendante et inspira plus tard de nombreuses révoltes du peuple contre leur monarque.

Kenau de nos jours:



La sortie du film Kenau a relancé la discussion sur ce personnage historique mais dont on ne sait au final que peu de choses. Le film lui-même est très romancé. Dans la bande annonce du film, nous voyons la fille de Kenau se faire brûler vive car celle-ci refusait de se faire passer pour catholique. En effet, les protestants étaient persécutés par les Espagnols et c'est un élément clef afin de comprendre le soulèvement des Néerlandais contre Philippe II d'Espagne qui voulait imposter le catholicisme à tout prix sur les terres de la couronne. Guillaume d'Orange est perçu aux Pays-Bas comme le défenseur de la liberté de culte de par sa révolte contre le roi et c'est là que la différence culturelle entre les Pays-Bas et la France est intéressante : tandis que les Français coupèrent la tête de leur roi de droit Divin et s'affranchissèrent de la religion d'Etat, les Néerlandais permirent l'ascension d'un monarque qui sera à la fois symbole de leur nation et symbole de la protection des croyants de cultes différents. Mais revenons à la fille de Kenau : il semblerait que l'execution de cette dernière dans le film est un ajout dramatique mais également symbolique  afin de rappeler l'importance de la persecution des protestants dans le contexte de la révolte des Néerlandais. La fille de Kenau n'a vraisemblablement pas été brûlée vive, mais de nombreux protestants l'ont été. Aussi, c'est un clin d'oeil à l'histoire de Boudica dont on parlera dans un prochain article.

Statue commémorative à Haarlem :
Kenau et les femmes ayant combattu à ses cotés
Theo Mulder - 1973
A noter: à la sortie du film Kenau, le maire actuel de Haarlem, Bernt Schneiders, a déclaré dans une annonce publique : Femmes, nommez vos filles Kenau ! C'est que Kenau est devenue une figure importante de la ville d'Haarlem, mais cette demande fait également référence au fait que le mot "kenau" en néerlandais est utilisé de nos jours comme... insulte envers les femmes se comportant de façon masculine ! Est-ce que ce renouveau de l'intérêt pour le personnage de Kenau fera changer la signification péjorative de ce mot et est-ce que certaines filles porteront ce nom dans les années à venir? Affaire à suivre donc.




Source : http://kunst-en-cultuur.infonu.nl/geschiedenis/3117-kenau-heldin-of-scheldwoord.html

dimanche 9 mars 2014

Reines-guerrières arabes : Hind Al-Hunnud et la Bataille de Badr

Hind al-Hunnud du clan Quraychite (royaume de Kindah) était une reine-guerrière qui s'est battue contre Mahomet et les Arabe musulmans en 624 après JC durant la Bataille de Badr, bataille décisive pour l'Islam qui s'empara de la Mecque à cette occasion. On ne sait très peu d'elle si ce n'est qu'elle mena l'offensive lorsque son père, son frère et son oncle furent tués. Les chroniqueurs de l'époque décrivirent Hind al-Hunnud non pas comme une simple reine-guerrière symbolique habituelle mais véritablement comme une combattante « brandissant son glaive avec entrain » et, lors de ses victoires, montant sur un tas formé par les cadavres de ses ennemis en se ventant de ses prouesses militaires. Lorsque son mari céda la Mecque contre sa volonté, elle estima que sa mort serait la punition adéquate pour sa lâcheté et trahison. Elle mena une dernière guérilla vengeresse contre Mohammed mais, ses troupes encerclées et dépassées par le nombre de soldats adverses, elle fut contrainte de se rendre et de se convertir à l'Islam.

Source: Women Warriors, A History de David E. Jones, 2005.

Reines-guerrières arabes: l'Impératrice Zénobie et l'Empire Romain

L'une de ces reines-guerrières arabes dont nous avons parlé dans cet article introductif est également une figure proéminente de l'Antiquité : Septimia Bathzabbai dite Zénobie (nom latinisé), Impératrice de Palmyre qui se révolta contre l'Empire Romain d'Aurélien (IIIe siècle après JC).

Bathzabbai Zénobie, une princesse érudite qui campait et chassait avec ses troupes

Statue du XIXe siècle représentant
Zénobie (Bathzabbai) enchainée
(par Harriet Hosner)
Lorsque Bathzabbai naquit au début du IIIe sicèle, la cité de Palmyre (Syrie actuelle) avait le statut de colonie romaine par sa situation géographique clef pour le commerce entre l'Est et l'Ouest. C'est en épousant Odainat, noble ayant le droit de cité et à la tête de Palmyre mais dont la famille fut encore très encrée dans la tradition bédouine, qu'elle gagna en statut. Leur vie maritale était donc partagée entre vie urbaine et vie traditionnelle. Bathzabbai allait souvent chasser, chevaucher et camper avec Odainat. Elle dormait avec les hommes sur le sol, les accompagnaient en campagne militaire en armure et munie de d'un arc et s'était construite une réputation de buveuse respectable lors des réunions avec ses soldats et généraux. Mais elle était également très cultivée : parlant cinq langues, sachant lire (ce qui était assez rare à l'époque) et écrivant même une Histoire de Palmyre. Son intérêt pour les arts et l'éducation à fait de sa cour un endroit réputé pour les philosophes, savants, intellectuels et artistes et Palmyre devint ainsi un centre culturel très prolifique à cette époque.


De rapides et nombreuses conquètes militaires 

Situation géographique de Palmyre (Palmyra en anglais)
Odainat et Bathzabbai profitèrent de la situation fragile en Perse ainsi que celle de Rome (occupée par les invasions barbares) afin d'étendre leur territoire. Ils s'attaquèrent d'abord à la Perse usant d'une excuse diplomatique : l'Empereur Romain Valérien ayant été assassiné par Sapor 1er de Perse et Odainat avait le statut de gouverneur de l'Empire Romain Occidental. C'est Bathzabbai qui commanda l'armée menant le siège contre Sapor tandis que son mari gagna du terrain à l'Ouest. Alors qu'Odainat fut assassiné par un membre de la famille (son neveu ? Bathzabbai elle-même?) pour des raisons d'héritage en 267, Bathzabbai arriva à la tête de Palmyre et décida d'aller encore plus loin que son mari, lançant une campagne militaire qui permit à Palmyre d'étendre son territoire jusqu'en Egypte. Elle conquit également le reste de la Syrie, étendit son territoire jusqu'à la ville d'Antioche et l'Anatolie Orientale, parfois en menant elle même son armée, parfois en délégant la tâche à ses généraux. En quelques années, elle fit passer Palmyre du statut de cité-état à Empire, faisant également des alliances stratégiques avec les états voisins. C'est ainsi qu'elle se fit nommer Impératrice de Palmyre et déclara l'indépendance du territoire de l'Empire Romain Occidental qu'elle contrôlait déjà de fait et qu'elle nomma Empire de Palmyre.

Et l'opportunité de défier l'Empire Romain

En orange, l'Empire de Palmyre sous Bathzabbai/Zénobie
En déclarant l'indépendance de l'Empire de Palmyre, Bathzabbai venait de dérober Rome de toute la partie Est de son Empire. Elle se déclara descendante de Cléopâtre dont elle imita le style de vie opulent et fit frapper des pièces de monnaies à son effigie. Elle défia Rome en coupant les routes marchandes servant à amener les récoltes d'Egypte à Rome, ce qui poussa l'Empereur Aurélien à lancer une offensive militaire. Bathzabbai, ivre de victoire et de ses conquêtes, était persuadée de conquérir Rome rapidement et fit même faire un char en or pour son arrivée triomphale à Rome.

Mais il ne faut pas crier trop vite victoire...

Pièce de monnaie à l'effigie
 de Zénobie/Bathzabbai

Mais c'est l'orgueil de l'Impératrice provoqua sa chute et Aurélien repris rapidement l'Egypte et rencontra Bathzabbai et son armée près d'Ankara. Les écrits rapportent que Bathzabbai a été vue tout au long de la bataille, galopant sur son cheval et donnant les ordres à ses généraux. Aurélien gagna cette bataille stratégiquement en entraînant la cavalerie palmyrienne vers l'avant puis en l'encerclant. Bathzabbai retira ses troupes vers Emèse (l'actuelle ville d'Homs). Elle déclara dans une lettre à Aurélien que l'armée palmyrienne n'avait souffert que de peu de pertes, car ce sont les garnisons romaines stationnées à Palmyre dont elle s'était servie en première ligne pour cette bataille. Néanmoins, Bathzabbai se retira dans le désert, puis vers la cité de Palmyre pour l'ultime bataille contre les Romains. Ces batailles furent très coûteuses pour Rome en hommes comme en temps et en matériel car le terrain n'était pas à leur avantage, contrairement aux Bédouins et leurs chameaux. Aurélien fut blessé pendant le premier assaut de la ville et éprouvait des difficultés à maintenir le siège, bien qu'il ait amené avec lui ses meilleurs généraux et leurs troupes. Pressé par les sénateurs de Rome qui lui demandaient pourquoi il avait tellement de mal à se défaire d'une femme, il demanda à Bathzabbai de se rendre sur des termes très généreux. Elle lui répondit que « Cléopâtre préférait la mort à la servitude » et menaça les Romains de plus belle. Cependant, l'Impératrice, prenant conscience que la guerre était perdue, tenta de s'enfuir avec son plus rapide chameau. Elle fut capturée et retournée à Aurélien qui l'exhiba durant la parade victorieuse de retour à Rome en 273. Parmi les éléphants, les tigres et autres animaux exotiques, défilèrent également les captifs, gladiateurs, nobles et guerriers vaincus. Ces derniers devaient porter une plaque permettant à la foule de les identifier, mais on épargna à Bathzabbai cette indignation. De toutes manières, la foule pouvait facilement reconnaître l'Impératrice marchant avec difficulté à cause du poids de ses innombrables bijoux en or massif rendant difficile ses mouvements. Elle était suivie de son fameux char en or sur lequel elle comptait parader victorieuse, mais vide, ultime moquerie des Romains. Bathzabbai vécu le reste de sa vie en captivité mais fastueusement près de la ville actuelle de Tivoli, ayant gagné la sympathie de sénateurs et organisant des salons qui firent partie intégrante de la vie culturelle à Rome.

En savoir plus sur Bathzabbai/Zénobie? Voici un entretien de Jacques Charles-Gaffiot, commissaire d'une exposition de 2001 sur Zénobie et auteur de Moi, Zénobie, Reine de Palmyre.

Source: Women Warriors, A History de David E. Jones, 2005.

Les reines-guerrières arabes, introduction

Quelle que soit la civilisation et l'époque, les femmes ont tenu plusieurs rôles dans les conflits armés. Cette série d'article est consacrée aux guerrières du monde arabe et ce premier article se concentre sur la période pré-Islamique. D'autres articles concernant les périodes historiques postérieures seront publiés prochainement et seront toujours accompagnés de plusieurs biographies de femmes guerrières illustres. 
Pour accéder directement aux biographies de femmes guerrières, voici la liste des liens:
L'Impératrice Zénobie
Hind Al-Hunnud

La reine-guerrière, un rôle cérémonial qui cache parfois une vraie combattante


Il n'est pas rare d'entendre que la culture arabo-musulmane est infiniment plus misogyne que les cultures occidentales le sont. En effet, si l'on prend en compte le classement des pays selon leur respect des droits des femmes, on constate que de nombreux pays du Moyen-Orient sont au bas de la liste (il est également à noter que le fait qu'un pays soit en guerre, comme la Syrie, fait qu'il est d'autant plus hostile aux femmes). Pour autant, peut-on vraiment dire que cette misogynie est encrée dans la civilisation arabe et dans son Histoire ? Le cas des nombreuses reines guerrières des peuples arabes, présentes du temps de l'Antiquité jusqu'aux débuts de l'Islam (et aussi sous une forme plus moderne que nous évoquerons une autre fois), nous démontre que ce n'est pas aussi simple que l'on voudrait croire et que l'on aurait tort de penser que la civilisation arabe est historiquement plus misogyne que les civilisations occidentales l'ont été. Cet article vous propose une courte introduction sur la place des femmes guerrières arabes pré-islamiques et sera suivi d'autres articles présentant des exemples historiques.

La civilisation arabe pré-islamique était composée en partie d'une large confédération de bédouins organisant les routes commerciales traversant les déserts du Quart-Vide (actuelle Arabie Saoudite) et de l'Est du Sahara. Ces nomades tribaux se déplaçaient avec leurs caravanes de chameaux, cet animal étant la ressource primordiale en termes de nourriture, de transport mais aussi de pouvoir militaire.
Bien que le statut des femmes arabes ait subit de très grands changements avec l'avènement de l'Islam (cela dit pas de façon immédiate ni uniformément sur tout le territoire musulman, mais nous parlerons de cela dans un autre article), ces dernières possédaient un pouvoir considérable au sein de ces tribus. Il existait typiquement dans chez ces nomades des cultes de guerre autour des reines guerrières. Ces reines guerrières étaient célébrées au travers de rites, chansons, mythes. La tradition voulait que des femmes de haut rang, menée par une « reine-guerrière » (issue de la nobilité) attisent l'esprit patriotique et guerrier afin de motiver les hommes à partir au combat: les femmes avaient donc un rôle sacré dans les cultes liés à la guerre pour ces Bédouins. Sur le terrain, la « reine-guerrière », du haut de son palanquin, servait comme point de ralliement visuel et spirituel pour ses soldats. La capture de cette dernière par les troupes ennemies était perçue comme un mauvais présage ainsi qu'une grande honte pour la tribu. Néanmoins le rôle de ces femmes ne se limitaient pas toujours au rôle cérémonial (certainement inspiré par un héritage plus ancien de traditions arabes où les femmes avaient un rôle encore plus important dans la guerre) mais pouvait prendre également une forme bien plus concrète : des femmes arabes portant les armes (et s'en servant!) ont bel et bien existé durant l'Antiquité.


Les femmes ont donc tenu des rôles multiples durant les combats : figures rituelles, commandants militaires symboliques, « pom-pom  girl » motivant les troupes mais aussi véritables combattantes : de la guerrière armée jusqu'au général à la tête de plusieurs bataillons. Nous allons donc nous intéresser plus particulièrement à ces derniers aspects beaucoup plus actifs et moins symboliques en évoquant quelques exemples dans les articles à venir.

Source: 
Women Warriors, A History de David E. Jones, 2005.

Pourquoi ce blog?

Les femmes, ces grandes oubliées de l'Histoire

Lorsqu'on pose la question « mais pourquoi parle-t-on si peu des femmes dans l'Histoire ? », certains sont tentés de répondre que cela est du au fait que les femmes n'ont pas tenu un rôle suffisamment important dans les grandes batailles (politiques et militaires) qui ont menées à la construction de nos nations actuelles. Pire, certaines personnes (dont beaucoup d'anti-féministes ou aussi appelés masculinistes) se servent même de cette idée reçue comme argument afin de soutenir leur thèse selon laquelle les femmes n'ont ni la force physique, ni la discipline ou encore l'intelligence suffisante afin d'entrer dans la postérité et que c'est de façon naturelle que ce sont les hommes autour du Monde qui ont endossé les rôles de leaders politiques et militaires puisqu'ils seraient supérieurs en ces points aux femmes. Il va sans dire que ces personnes n'ont pas vraiment fait de recherches avant d'avancer de tels propos car les exemples de femmes guerrières sont très nombreux et cela dans toutes les cultures et tout au long de l'Histoire de l'Être Humain. Ce blog a donc pour office de donner plus de visibilité à ces femmes trop souvent oubliées des ouvrages et manuels d'Histoire et de remettre les pendules à l'heure en ce qui concerne la question de la "place de la femme" dans notre société.

Les faits, rien que les faits pour briser les préjugés et se battre contre la désinformation

L'objectif de Femmes Guerrières n'est pas politique mais il découle d'un engagement double : l'éducation et la défense des droits des femmes. Ces derniers mois, la France a connu de nombreux débats houleux ayant cristallisé les sentiments racistes, sexistes et homophobes d'une partie de la population française que plusieurs groupes tentent de récupérer à des fins politiques et les nourrissent même en diffusant sur internet, par bouche à oreille et dans la rue des textes intentionnellement trafiqués et sans aucune source fiable. De nombreux autres sites internet se chargent déjà de démontrer la non-fiabilité de ces informations et ce blog n'a pas pour but de faire le travail que d'autres font déjà. Néanmoins, ce sont ces pratiques de désinformation malhonnêtes, intéressées et charlatanistes qui me poussent aujourd'hui à créer ce blog à but informatif afin de faire découvrir au grand public un pan de l'Histoire qui pourrait peut-être vous faire changer d'avis quant aux aprioris concernant le rôle genré des femmes et vous faire reconsidérer l'intérêt des études de genre (gender studies). Femmes Guerrières est en aucun cas une platforme d'exposition de quelque idéologie que ce soit mais un moyen de rendre visible la diversité de rôles que les femmes peuvent et ont pu jouer afin de briser les stéréotypes de genres. Toutes les informations que ce blog relaye sont basées sur des faits, des témoignages, des recherches et études historiques et des statistiques et non sur des opinions, et ce dans un effort d'objectivité. Non ne faisons ici l'apologie d'aucun mouvement politique, d'aucun gouvernement ou pays et nous ne légitimons pas la violence de la guerre. Le choix de ce thème est dû au fait que les rôles armés sont ceux où l'on s'attend le moins à voir des femmes et pourtant elles y sont présentes et ce dans la méconnaissance et l'indifférence générale.

Les rôles genrés ne sont pas gravés dans le marbre

C'est durant mes études de master que j'ai commencé à me plonger dans l'Histoire des femmes après un travail orienté sur la question de la place des femmes et du féminisme dans les mouvements nationalistes du XIXe siècle. Ce travail m'a fait réaliser à quel point les questions de nationalisme et de féminisme étaient liées et que de nombreux préjugés sur la distribution des rôles en fonction des genres sont avant tout des enjeux politiques. Beaucoup de personnes pensent aujourd'hui que la place des hommes et des femmes dans notre société actuelle a quelque chose d'immuable qui découle d'une tradition ancestrale trouvant sa source au commencement de notre civilisation. C'est une grande erreur car l'Histoire nous montre que ces frontières de genres ont bougé d'un coté comme de l'autre au fil du temps et que de nombreux individus ont eux-même réussi par leur courage et détermination à dépasser ces frontières. De plus, cette idée reçue démontre également qu'il existe une méconnaissance du grand public et un mépris concernant les civilisations non-européennes et de l'Histoire pré-XIXe siècle. J'ai donc décidé de réaliser un blog à but informatif ayant pour thème les femmes guerrières car cela permet de déconstruire deux grands mythes qui façonnent notre perception contemporaine de l'Histoire et de la société et qui sont les suivants : « le rôle de la femme a toujours été domestique » et « le rôle de la femme est sensiblement le même dans toutes les civilisations ». 

La fiabilité, ça se construit à plusieurs

Les articles publiés sur ce blog ont été rédigés de façon à respecter la méthode académique à un certain degré. En d'autres termes, je m'efforce à citer les sources dont je me sers et que je crois fiables afin d'appuyer le contenu des articles sur des faits et non des opinions ou idéologies. Néanmoins, si vous constatez une information erronée ou que vous voulez rajouter des sources, je vous invite à prendre contact avec moi.