Certains auront du mal à faire le lien entre les Femmes Guerrières et cet article: si je vous parle d'Elaine Morgan, c'est parce que son histoire m'a fait comprendre à quel point notre perception est souvent déformée à cause de nos préjugés, notamment sur la question des rôles genrés, et que même les scientifiques et historiens peuvent projeter leurs propres désirs sur les découvertes qu'ils font. Cet article est donc lié aux Femmes Guerrières dans le sens où il traite de la vision érronée qu'on peut avoir du passé en fonction des valeurs de notre société actuelle.
Dans les années 60, Elaine Morgan publie un livre très controversé remettant en question les théories de l'évoluion de l'Humain. Selon cette femme au foyer galloise, les scientifiques sont influencés par une vision machiste de l'Être Humain et leur interprétation de l'origine de l'Humain en serait donc grandement biaisée. Elle fait la promotion de sa propre théorie : l'Être Humain descendrait d'un singe aquatique. Bien qu'ayant peu de preuves afin de soutenir sa thèse, le débat que Morgan a ouvert aura eu le mérite de poser les bonnes questions sur la validité d'une théorie communément considérée comme acquise et sur la subjectivité dans le travail scientifique en général.
Pour voir une récente vidéo d'Elaine Morgan s'exprimant sur l'évolution de l'Être Humain, je vous invite à cliquer ici. (vidéo sous-titrée publiée par TED)
L'origine de l'Être Humain et de ses caractéristiques si particulières restent très souvent à débat et pour cause: les trouvailles archéologiques et les analyses génétiques ne nous donnent que des petits morceaux d'un grand puzzle dont l'image nous reste à interpréter. Le problème, c'est que nos croyances et idéologies déteignent sur nos interprétations, un bon exemple est le débat sur la théorie de l'évolution aux États-Unis que reste contestée par une partie de la population. C'est ce qu'illustre le débat qui a eu lieu dans la deuxième partie du XXe siècle sur l'origine de la bipédie humaine et qui donne un bon exemple de comment des théories considérées comme valides peuvent se retrouver du jour au lendemain balayées par l'apport de nouveaux éléments et, inversement, comment des théories farfelues qui peuvent finalement mener à de nouvelles pistes et interprétations faisant avancer les découvertes scientifiques.
Dans les années 60, Elaine Morgan publie un livre très controversé remettant en question les théories de l'évoluion de l'Humain. Selon cette femme au foyer galloise, les scientifiques sont influencés par une vision machiste de l'Être Humain et leur interprétation de l'origine de l'Humain en serait donc grandement biaisée. Elle fait la promotion de sa propre théorie : l'Être Humain descendrait d'un singe aquatique. Bien qu'ayant peu de preuves afin de soutenir sa thèse, le débat que Morgan a ouvert aura eu le mérite de poser les bonnes questions sur la validité d'une théorie communément considérée comme acquise et sur la subjectivité dans le travail scientifique en général.
Pour voir une récente vidéo d'Elaine Morgan s'exprimant sur l'évolution de l'Être Humain, je vous invite à cliquer ici. (vidéo sous-titrée publiée par TED)
L'origine de l'Être Humain, un grand puzzle aux nombreuses pièces manquantes
L'origine de l'Être Humain et de ses caractéristiques si particulières restent très souvent à débat et pour cause: les trouvailles archéologiques et les analyses génétiques ne nous donnent que des petits morceaux d'un grand puzzle dont l'image nous reste à interpréter. Le problème, c'est que nos croyances et idéologies déteignent sur nos interprétations, un bon exemple est le débat sur la théorie de l'évolution aux États-Unis que reste contestée par une partie de la population. C'est ce qu'illustre le débat qui a eu lieu dans la deuxième partie du XXe siècle sur l'origine de la bipédie humaine et qui donne un bon exemple de comment des théories considérées comme valides peuvent se retrouver du jour au lendemain balayées par l'apport de nouveaux éléments et, inversement, comment des théories farfelues qui peuvent finalement mener à de nouvelles pistes et interprétations faisant avancer les découvertes scientifiques.
La théorie de la savane, une théorie majeure ayant influencé notre perception des premiers Humains
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Raymond Dart et le crâne de l'australopithèque "Taung Child" |
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La savane africaine où les Humains n'ont finalement pas appris à marcher sur leurs deux jambes ! |
Elaine Morgan et sa théorie de du Singe Aquatique
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L'élephant, un autre animal qui serait retourné à l'eau comme les mammifères marins avant de finalement revenir sur la terre ferme |
La
théorie d'Elaine Morgan a fait néanmoins beaucoup de vagues dans
les médias : ses livres furent un succès commercial et son
humour acerbe pointant du doigt la partialité et le sexisme dont les
scientifiques étaient emprunts attirèrent la curiosité de
nombreuses personnes. La théorie de la savane étant écartée pour
de bon, les scientifiques se mettent à rechercher de nouvelles
pistes en analysant les données et indices avec un nouveau regard.
A la recherche de nouvelles hypothèses
Bien
que la théorie de Morgan ne soit pas prouvée scientifiquement et soit influencée par les idéologies de cette dernière, certains
scientifiques commencèrent à s'intéresser à la possibilité d'une
évolution de l'Humain liée à un environnement semi-aquatique. En
effet, la découverte en 1974 de Lucy, premier fossile
d'australopithèque relativement complet, au Nord de l'Afrique donna
de l'eau au moulin à la piste aquatique de l'évolution bipède de l'Humain car cette région est sujette
aux inondations. Un grand nombre d'ossements australopithèques parmi
les plus vieux retrouvés ont été trouvés dans cette même région,
ce qui pousserait à croire que l'Humain aurait pu commencer à marcher sur ses deux jambes à cause d'un environnement marécageux.
Aujourd'hui,
la question reste ouverte et il existe plus d'une dizaine
d'hypothèses tentant d'expliquer la bipédie de l'Être Humain. Il
est très peu probable que la vision de Morgan soit exacte, mais
cette histoire reste néanmoins intéressante afin de comprendre
comment les justifications théoriques sont, quoi qu'il arrive,
toujours influencées par nos croyances et notre imagination. Les
scientifiques adhérents à la théorie du Singe Tueur étaient tout
autant influencés par des préjugés que Morgan l'était par sa
vision romancée du Singe Aquatique. Les leçons à tirer de ce débat
sont fondamentales afin de comprendre la nature de la recherche scientifique :
-les
sciences, que cela soit la biologie, la physique, l'astronomie mais
aussi l'Histoire et les autres sciences humaines sont en constante
évolution. De nouvelles découvertes peuvent bouleverser ce qui
était considéré comme établi.
-l'Histoire
de l'Humain est tout sauf linéaire : il n'existe pas de cause
unique ou de « raison » à l'évolution de l'Humain mais
des causes plurielles expliquant de différentes évolutions de
l'Humain qui ont menées à ce que nous sommes aujourd'hui. Selon les
mots d'Yves Coppens,
« à partir du grand carrefour d'il y a 8 à 10 millions
d'années qui aboutit à la séparation des lignées des grands
singes et des êtres humains, s'épanouit un vrai bouquet de pré
humains dont Lucy est une des fleurs »
-il
faut être conscient de notre subjectivité. Il est impossible
d'écrire une Histoire objective puisque l'Histoire est toujours
écrite par des hommes ou des femmes et est donc vue à travers d'un
prisme déformant. Il est donc normal que l'Histoire évolue et que
les éléments (archéologiques ou écrits) soient constamment
réinterprétés, c'est même plutôt une bonne chose puisque avec du
recul, nous pouvons identifier de mieux en mieux ce qui relève du
parti pris et cela nous permet de se rapprocher de la vérité
-il
faut promouvoir l'intérêt scientifique auprès de la population :
Bien que certaines théories soient infirmées, l'interprétation
populaire qui en découle peut avoir la vie dure. La théorie du
Singe Tueur a été écartée mais l'image de l'homme-chasseur et de
la femme-cueilleuse reste encrée dans les esprits et sert de support
au préjugé selon lequel la répartition des tâches est aussi
vieille que les premiers Humains. Il est donc nécessaire pour la
communauté scientifique et pour les médias de tenir la population
régulièrement au courant des nouvelles découvertes, sans quoi nous
en serions encore à croire que la Terre est plate.
-il
est nécessaire de garder un esprit ouvert : les scientifiques
ont dénigré Elaine Morgan car elle n'était qu'une simple femme au
foyer galloise romancière à ses heures perdues. Le cour des choses
a fait que ces scientifiques au moins tout autant dans l'erreur et
étaient aussi influencés par leurs croyances. Ce n'est pas parce
qu'une idée est fantaisiste qu'elle ne peut pas mener à de
nouvelles découvertes. Pendant longtemps, l'on pensait que la ville
de Troie était une légende jusqu'à ce qu'elle fut découverte par un riche négociant allemand.
De la même manière, de nombreuses personnes recherchent aujourd'hui
encore l'Atlantide bien que la ville utopique ait été inventée par
Platon afin d'illustrer un propos sur la chute de la République
Athénienne. Il faut donc pouvoir rester critique mais être aussi
capable d'accepter la possibilité que des théories mineures ou
fantaisistes aient quelque chose à apporter au débat et que rien
n'est écrit dans le marbre.
Source: documentaire de la BBC sur Elaine Morgan
Source: documentaire de la BBC sur Elaine Morgan
Bonjour j'ai beaucoup apprécié cet article (de même que d'autres sur ce blog), c'est vraiment génial à lire, complet, construit et j'espère que tu vas continuer.
RépondreSupprimerSeul petit détail, l'Atlantide n'est pas une invention, cela est devenu une légende mais elle a une base, la civilisation minoenne (il y a des docu sur youtube super à ce sujet notamment celui de Civilisations disparues).
Bonne continuation, NSF Maneeya.